Les filles de Néfertiti et d'Akhénaton

Le point culminant du culte d'Aton était la célébration de la lumière par la famille royale. Dans l'immense cour du grand temple d'Aton, le roi et la reine consacraient des offrandes alimentaires sur un vaste autel auquel on accédait par une lampe. Akhénaton et Néfertiti se tenaient côte à côte, sur une sorte d'estrade ; autour d'eux, leurs filles, de hauts dignitaires, des ritualistes, des dames de la cour . Toutes les personnes présentes étaient recueillies, accueillant en leur coeur l'illumination solaire. De manière tout à fait inhabituelle dans l'art égyptien, sont représentées des scènes qui nous permettent d'entrer dans l'intimité de la famille royale. Nous voyons Néfertiti donner le sein à l'une de ses filles, se laisser caresser le menton par l'une d'elles, tenir ses enfants sur ses genoux, elle-même assise sur ceux d'Akhénaton. Nous assistons aussi au repas pris par la famille royale, qui ne s'encombre guère de vêtements. Akhénaton et Néfertiti veulent démontrer de manière éclatante qu'ils forment une famille heureuse, épanouie, rayonnante, grâce à l'énergie que leur procure chaque jour le dieu Aton. Ils proposent un modèle idéal, fondé sur cette vénération de la lumière ; c'est d'ailleurs pourquoi les fillettes sont associées à des actes cultuels. Le couple eut six filles : trois avant l'an 6 du règne, la quatrième entre l'an 6 et l'an 9, les deux dernières entre l'an 6 et l'an 9. Il est bien précisé que chacune est la fille de la grande épouse royale, Néfertiti. C'est peu après l'an 12 du règne qu'une première épreuve, fort cruelle, devait frapper le couple royal : la mort de Meket-Aton, leur deuxième fille. Pour cette famille qui faisait de sa cohésion l'exemple même des bienfaits d'Aton, la déchirure fut profonde. Il fallut célébrer les rites funéraires et procéder à la mise au tombeau dans la sépulture familiale ; une scène montre Akhénaton et Néfertiti en pleurs devant le lit funéraire. La mort de Meket-Aton lézarda de manière irrémédiable le bel édifice que le couple solaire avait construit ; Néfertiti fut profondément affectée par cette disparition. Mourut-elle peu de temps après ? En interprétant de manière vériste les représentations des fillettes, certains égyptologues estimèrent que leur crâne allongé était la traduction esthétique d'une maladie. « Esthétique « est le mot clé : dans certaines scènes, tous les personnages sont représentés avec cette même déformation. Des sculptures retrouvées à Amarna nous offrent, en revanche, des visages « classiques « . Il est donc vain de songer à une quelconque pathologie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Six filles. . . et pas de fils ? Quelques érudits aimeraient faire de Toutankhamon, dont les parents sont inconnus, le fils d'Akhénaton et de Néfertiti. Nul indice décisif n'est venu corroborer cette hypothèse.